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05/06/2011

Proposition de correction - questions + dissertation

Questions :

1) Point commun = 3 récits encadrés qui se donnent comme des récits véridiques et non des fictions.
Texte de Marivaux (document A) :
Un narrateur prétend avoir trouvé un manuscrit au fond d’une armoire. Il explique dans quelles circonstances il aurait découvert le document et présente rapidement son auteur (une femme nommée Marianne). Dans le dernier §, le « je » désigne la jeune femme.
Texte de Bernardin de Saint-Pierre (document C) :
Le texte s’ouvre par une longue description qui rend le lieu très vraisemblable. Un narrateur A intervient pour présenter un vieillard qui doit devenir le narrateur B à la demande de A. Le lecteur comprend que le récit est censé être la transcription du récit de vieillard et ne pas être une fiction.
Texte de Diderot (document B) :
Le texte de Diderot fonctionne de manière un peu différente. Comme dans les autres débuts de romans, on découvre un narrateur qui présente ses personnages (Jacques et son maître) lesquels seront sans doute narrateurs à leur tour. Comme dans les autres récits, le narrateur s’adresse à son lecteur et semble présenter un récit authentique.
Ce qui diffère cependant ici, c’est que les interventions du narrateur coupent les aventures des personnages et que de toute évidence le texte joue sur la notion de fiction. Aux lignes 39-40, on lit « qu’il est facile de faire des contes » ce qui situe finalement le texte en tant que fiction.
2) Effet produit = effet de réel. Il s’agit pour les trois auteurs d’aborder le roman en faisant croire à l’authenticité de leurs romans ou en jouant de cette notion (chez Diderot). Il en résulte un effet d'accroche du lecteur (adhésion facilitée à ce qui se présente comme "réel" ≠ fiction), un effet de suspens.

Dissertation
I) Le roman : un genre décrié, méprisé au XVIIIe siècle
1.            Un genre méprisé par les théoriciens parce qu’il n’existe aucun modèle antique. Ce n’est pas un genre « noble ».
Ex : Boileau n’en parle qu’avec mépris parce que absent de chez Aristote.
2.            Un genre qui manque de sérieux, perte de temps, simple amusement.
Ex : Voltaire « pour les femmes et les faibles d’esprit ». Diderot « qu’il est aisé de faire des contes ».
3.            Développe de manière excessive la sensibilité et conduit parfois à l’immoralité.
Ex : Manon Lescaut, Les Liaisons dangereuses, La Philosophie dans le boudoir = romans accusés d’immoralité. Emma Bovary se perd à cause de sa lecture de mauvais romans sentimentaux.

II) Un genre d’une grande souplesse
1.            Un genre qui apprend à cacher sa nature pour mieux séduire ses lecteurs.
Ex : Les Liaisons dangereuses : avertissement de l'éditeur et préface du rédacteur contradictoires
2.            Un genre qui s'inspire souvent du cadre spatio-temporel réel = autre vision sur le monde
Ex : Lettres persanes : voyage dans la France du XVIIIe du persan Usbek
3.            Permet d’instruire en plaisant.
      Ex : Voir l'avertissement de l'Abbé Prévost à son roman Manon Lescaut : "Outre le plaisir d'une lecture agréable, on y trouvera peu d'événements qui ne puissent servir à l'instruction des moeurs ; et c'est rendre, à mon avis, un service considérable au public que de l'instruire en l'amusant."
      On tolère ici la référence au conte philosophique qui utilise l’art du roman pour propager ses idées. Il est néanmoins prudent de bien marquer la nuance entre les deux.
Ex : Candide permet de répondre à la philosophie optimiste de Leibniz.

III) Un genre qui ne cesse de se développer depuis le XVIIIe siècle
1.            Absence de modèle antique ou de loi strictement établie quant à sa forme (ou à son contenu) permet au genre non seulement de se développer mais aussi d’évoluer vers de nouvelles formes. Il va en fait se développer sous l’influence du roman anglais du XVIIIe et s’engouffrer dans la veine « réaliste » tout au long du XIXe. Il acquiert ainsi une nouvelle dignité.
Ex : la comédie humaine de Balzac. Les Rougon-Macquart de Zola
2.            Les théoriciens du roman :
Son succès fait que l'on s’intéresse à lui et que l’on tente de lui donner un sens, une fonction, un but.
Ex : Zola et le roman naturaliste = travail scientifique
3.            Le phénix de la littérature :
On annonce sa mort et on le voit sans cesse renaître.
Ex : le Nouveau roman. + attrait majeur de nos jours (best-sellers = romans) Marc Levy, Guillaume Musso, Anna Gavalda et compagnie

Autres plans possibles, proposés par vos camarades et légèrement corrigés:

I. D'où vient la défiance envers le roman ?
1) Difficulté de faire la part du réel : est-ce vrai, modifié, imaginaire ?
a) Certains auteurs affirment la véracité de leurs propos
Ex : La Vie de Marianne, avertissement
b) Certains personnages dépassent la réalité
Ex : Tourvel qui meurt d'amour dans Les Liaisons dangereuses
c) Certains auteurs revendiquent le fait qu'ils sont toujours maîtres du jeu
Ex : Diderot, incipit de Jacques le Fataliste

2) Certains auteurs dénoncent des problèmes de société (=sujets sensibles)
a) Critique d'une population et d'un pouvoir politique contemporain
Ex : Montesquieu, Lettres persanes
b) Critique d'un type d'éducation
Ex : Laclos, Les Liaisons dangereuses (couvent...)
c) Critique de traditions et révélations d'importants dysfonctionnements sociaux
Ex : Voltaire, Candide (exécutions en Espagne...)

II. D'où vient l'attirance ?
1) Curiosité et évation
a) Lecteur aux côtés des protagonistes
Ex : Les Liaisons dangereuses : le lecteur sait tout et, à la fois, a une envie fulgurante de connaître le sort des personnages
b) Lecteur = celui que l'on fait attendre, à ménager
Ex : Jacques le Fataliste, "il ne tiendrait qu'à moi de vous faire attendre"
c) Lecteur = celui à qui on atteste que l'histoire est intéressante
Ex : La Vie de Marianne, avertissement : histoire vraie

2) Sentiments procurés
a) Vie parallèle à celui des personnages
Ex : Robinson Crusoé, aventure... etc
b) Emotions partagées
Ex : Et si c'était vrai, Marc Lévy : histoire d'amour imaginaire entre le fantôme d'une infirmière dans le coma et un ingénieur
c) Personnages "à hauteur d'homme"
Ex : Le Père Goriot, Balzac, Germinal, Zola...

III. Les ruses des auteurs pour se faire aimer
1) Exploitation de sujets d'actualité
a) Les Sirènes de Bagdad, Yasmina Kahdra
b) Les Bienveillantes, Jonathan Littel (la vie d'un SS ayant participé au génocide perpétré contre les juifs)

2) Importance du choix du vocabulaire et du style d'écriture
a) Marc Lévy nourrit son roman de citations sur l'amour et le bonheur
b) Laclos cf lettre écrite par Valmont sur le dos d'Emilie à Merteuil et Tourvel à la fois : maîtrise incroyable

I. Un genre très critiqué au XVIIIe
1) Dans les arts poétiques (descendants d'Aristote), le roman est méprisé, considéré comme manquant de noblesse
Ex : Mépris de Boileau
2) Genre à femmes, ridicule, méprisable, irréaliste
Ex : Diderot "Qu'il est facile de faire des contes"
3) Personnages exceptionnels, notamment dans les romans héroïques et galants
Ex : La Clélie, Madeleine de Scudéry

II. Cependant, les auteurs rusent pour plaire à leurs lecteurs
1) Le roman permet d'instruire et de plaire
Ex : Les Liaisons dangereuses
2) Le roman contourne la censure et divertit à la fois
Ex : Lettres persanes, satisfait le goût de l'époque pour l'orientalisme

III. Depuis le XVIIIe, le roman ne cesse de se développer
1) Le roman s'est diversifié
Ex : pas de régles établies = différents types (risque de catalogue)
2) Le roman parvient à maturité au XIXe
Ex : naturalisme, réalisme... genre prolifique
3) Un genre qui renaît sans cesse, toujours présent au XXIe
Ex : Harry Potter, succès international



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