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25/03/2011

Pensées avant l'oral...

"A chaque minute, nous sommes écrasés
par l'idée et la sensation du temps.
Et il n'y a que deux moyens
pour échapper à ce cauchemar :
le plaisir et le travail.
Le plaisir nous use. Le travail nous fortifie.
Choisissons."

Charles Baudelaire, extrait de Hygiène


 Bon courage à tous ! Que la force soit avec vous ! 
 

22/03/2011

Séquence 3 : documents complémentaires

Document complémentaire
L’empoisonnement de Britannicus (en lien avec la lecture analytique n°3)
Tacite, Annales, livre 13
Tacite (en latin Publius Cornelius Tacitus) est un historien romain né en 55 et mort vers 120 ap. J.-C.

XV. Néron, alarmé de ces fureurs, et voyant Britannicus près d’achever sa quatorzième année, rappelait tour à tour à son esprit et les emportements de sa mère, et le caractère du jeune homme, que venait de révéler un indice léger, sans doute, mais qui avait vivement intéressé en sa faveur. Pendant les fêtes de Saturne, les deux frères jouaient avec des jeunes gens de leur âge, et, dans un de ces jeux, on tirait au sort la royauté ; elle échut à Néron. Celui-ci, après avoir fait aux autres des commandements dont ils pouvaient s’acquitter sans rougir, ordonne à Britannicus de se lever, de s’avancer et de chanter quelque chose. Il comptait faire rire aux dépens d’un enfant étranger aux réunions les plus sobres, et plus encore aux orgies de l’ivresse. Britannicus, sans se déconcerter, chanta des vers dont le sens rappelait qu’il avait été précipité du rang suprême et du trône paternel. On s’attendrit, et l’émotion fut d’autant plus visible que la nuit et la licence avaient banni la feinte. Néron comprit cette censure, et sa haine redoubla. Agrippine par ses menaces en hâta les effets. Nul crime dont on pût accuser Britannicus, et Néron n’osait publiquement commander le meurtre d’un frère : il résolut de frapper en secret, et fit préparer du poison. L’agent qu’il choisit fut Julius Pollio, tribun d’une cohorte prétorienne, qui avait sous sa garde Locuste, condamnée pour empoisonnement, et fameuse par beaucoup de forfaits. Dès longtemps on avait eu soin de ne placer auprès de Britannicus que des hommes pour qui rien ne fût sacré : un premier breuvage lui fut donné par ses gouverneurs, trop faible, soit qu’on l’eût mitigé, pour qu’il ne tuât pas sur-le-champ. Néron, qui ne pouvait souffrir cette lenteur dans le crime, menace le tribun, ordonne le supplice de l’empoisonneuse, se plaignant, que, pour prévenir de vaines rumeurs et se ménager une apologie, ils retardaient sa sécurité. Ils lui promirent alors un venin qui tuerait aussi vite que le fer : il fut distillé auprès de la chambre du prince, et composé de poisons d’une violence éprouvée.
XVI. C’était l’usage que les fils des princes mangeassent assis avec les autres nobles de leur âge, sous les yeux de leurs parents, à une table séparée et plus frugale. Britannicus était à l’une de ces tables. Comme il ne mangeait ou ne buvait rien qui n’eût été goûté par un esclave de confiance, et qu’on ne voulait ni manquer à cette coutume, ni déceler le crime par deux morts à la fois, voici la ruse qu’on imagina. Un breuvage encore innocent, et goûté par l’esclave, fut servi à Britannicus ; mais la liqueur était trop chaude, et il ne put la boire. Avec l’eau dont on la rafraîchit, on y versa le poison, qui circula si rapidement dans ses veines qu’il lui ravit en même temps la parole et la vie. Tout se trouble autour de lui : les moins prudents s’enfuient ; ceux dont la vue pénètre plus avant demeurent immobiles, les yeux attachés sur Néron. Le prince, toujours penché sur son lit et feignant de ne rien savoir, dit que c’était un événement ordinaire, causé par l’épilepsie dont Britannicus était attaqué depuis l’enfance ; que peu à peu la vue et le sentiment lui reviendraient. Pour Agrippine, elle composait inutilement son visage : la frayeur et le trouble de son âme éclatèrent si visiblement qu’on la jugea aussi étrangère à ce crime que l’était Octavie, soeur de Britannicus : et en effet, elle voyait dans cette mort la chute de son dernier appui et l’exemple du parricide. Octavie aussi, dans un âge si jeune, avait appris à cacher sa douleur, sa tendresse, tous les mouvements de son âme. Ainsi, après un moment de silence, la gaieté du festin recommença.


Document complémentaire
L’empoisonnement de Britannicus (en lien avec la lecture analytique n°3)
Suétone, Vies des douze Césars, « Néron »
Suétone (en latin Caius Suetonius Tranquillus) est un polygraphe et un érudit romain ayant vécu entre le Ier et le IIe siècle. Il est principalement connu pour sa Vie des douze Césars, qui comprend les biographies de Jules César à Domitien.

XXXIII. Ce fut par Claude qu’il commença ses meurtres et ses parricides. S’il ne fut pas l’auteur de sa mort, il en fut du moins le complice. Il s’en cachait si peu, qu’il affectait de répéter un proverbe grec, en appelant mets des dieux les champignons qui avaient servi à empoisonner Claude. Il outrageait sa mémoire par ses paroles et par ses actions, en l’accusant tour à tour de folie et de cruauté. Il disait qu’il avait cessé de demeurer parmi les hommes, en appuyant sur la première syllabe de morari, en sorte que cela signifiât qu’il avait cessé d’être fou. Il annula beaucoup de décrets et de règlements de ce prince comme des traits de bêtise ou de folie. Enfin, il n’entoura son tombeau que d’une mince et chétive muraille. Il empoisonna Britannicus parce qu’il avait la voix plus belle que la sienne, et qu’il craignait que le souvenir de son père ne lui donnât un jour de l’ascendant sur l’esprit du peuple. La potion que lui avait administré la célèbre empoisonneuse Locuste étant trop lente à son gré, et n’ayant occasionné à Britannicus qu’un cours de ventre, Néron appela cette femme et la frappa de sa main, l’accusant de ne lui avoir fait prendre qu’une médecine au lieu de poison. Comme elle s’excusait sur le dessein qu’elle avait eu de cacher un crime si odieux : « Crois-tu donc, lui avait-il dit, que je craigne la loi de Julia ? » et il l’obligea de composer devant lui le poison le plus prompt et le plus actif qu’il lui serait possible. Il l’essaya sur un chevreau qui n’expira que cinq heures après. Il le fit recuire à plusieurs reprises, et le donna à un marcassin qui mourut sur-le-champ. Sur l’ordre de Néron, on l’apporta dans la salle à manger et on le servit à Britannicus qui soupait avec lui. Le jeune prince tomba dès qu’il l’eut goûté. Néron dit alors aux convives que c’était une épilepsie à laquelle il était sujet. Le lendemain, par une pluie battante, il le fit ensevelir à la hâte et sans aucune pompe. Pour prix de ses services, Locuste reçut l’impunité, des terres considérables et même des disciples.
XXXIV. Néron commençait à se fatiguer de sa mère, qui épiait et critiquait avec aigreur ses paroles et ses actions. Il essaya d’abord de la rendre odieuse, en disant qu’il abdiquerait l’empire et se retirerait à Rhodes. Bientôt, il lui ôta tous ses honneurs et toute sa puissance, lui enleva sa garde et ses Germains ; enfin il la bannit de sa présence et de son palais. Il eut recours à tous les moyens pour la tourmenter. Était-elle à Rome, des affidés de Néron lui suscitaient des procès ; à la campagne, ils l’accablaient de railleries et d’injures, en passant près de sa retraite par terre ou par mer. Cependant, effrayé de ses menaces et de sa violence, Néron résolut de la perdre. Trois fois il essaya de l’empoisonner ; mais il s’aperçut qu’elle s’était munie d’antidotes. Il fit disposer un plafond qui, à l’aide d’un mécanisme, devait s’écrouler sur elle pendant son sommeil. L’indiscrétion de ses complices éventa son projet. Alors il imagina un navire à soupape, destiné à la submerger ou à l’écraser par la chute du plafond. Il feignit de se réconcilier avec elle, et, par une lettre des plus flatteuses, l’invita à venir à Baies célébrer avec lui les fêtes de Minerve. Là, il ordonna aux commandants des galères de briser, comme par un choc fortuit, le bâtiment liburnien qui l’avait emmenée, tandis que, de son côté, elle prolongeait le festin. Lorsqu’elle voulut s’en retourner à Baules, il lui offrit, au lieu de sa galère avariée, celle qu’il avait fait préparer. Il la reconduisit gaiement et lui baisa même le sein en se séparant d’elle. Il passa le reste de la nuit dans une grande inquiétude, attendant le résultat de son entreprise. Quand il eut appris que tout avait trompé son attente, et qu’Agrippine s’était échappée à la nage, il ne sut que résoudre. Au moment où l’affranchi de sa mère, Lucius Agérinus, venait lui annoncer avec joie qu’elle était saine et sauve, il laissa tomber en secret un poignard près de lui, le fit saisir et mettre aux fers, comme un assassin envoyé par Agrippine ; puis il ordonna qu’on la mit à mort, et répandit le bruit qu’elle s’était tuée elle-même, parce que son crime avait été découvert. On ajoute des circonstances atroces mais sur des autorités incertaines. Néron serait accouru pour voir le cadavre de sa mère, il l’aurait touché, aurait loué ou blâmé telles ou telles parties de son corps, et, dans cet intervalle, aurait demandé à boire. Malgré les félicitations des soldats, du sénat et du peuple, il ne put ni alors, ni plus tard, échapper aux remords de sa conscience. Souvent il avoua qu’il était poursuivi par le spectre de sa mère, par les fouets et les torches ardentes des Furies. Il fit faire un sacrifice aux mages pour évoquer et fléchir son ombre. Dans son voyage en Grèce il n’osa point assister aux mystères d’Éleusis, parce que la voix du héraut en écarte les impies et les hommes souillés de crimes. À ce parricide, Néron joignit le meurtre de sa tante. Il lui rendit visite pendant une maladie d’entrailles qui la retenait au lit. Selon l’usage des personnes âgées, elle lui passa la main sur la barbe, et dit en le caressant : « Quand j’aurai vu tomber cette barbe, j’aurai assez vécu. » Néron se tourna vers ceux qui l’accompagnaient, et dit comme en plaisantant qu’il allait se la faire abattre sur-le-champ ; puis il ordonna aux médecins de purger violemment la malade. Elle n’était pas encore morte qu’il s’empara de ses biens ; et, pour n’en rien perdre, il supprima son testament.

Séquence 2 : documents complémentaires

Max Jacob (1876-1944),
Apollinaire et sa muse
1910, Musée des Beaux-Arts d'Orléans, gouache sur papier

Max Jacob,
Avenue du Maine
Les manèges déménagent.
Manèges, ménageries, où ? . . . et pour quels voyages ?
Moi qui suis en ménage
Depuis . . . ah ! il y a bel âge !
De vous goûter, manèges,
Je n’ai plus . . . que n’ai-je ? . . .
L’âge.
Les manèges déménagent.
Ménager manager
De l’avenue du Maine
Qui ton ménage mène
Pour mener ton ménage !
Ménage ton ménage
Manège ton manège.
Manège ton ménage.
Manège ton ménage.
Mets des ménagements
Au déménagement.
Les manèges déménagent,
Ah! vers quels mirages ?
Dites pour quels voyages

Les manèges déménagent.


René de Obaldia, Innocentines, 1969
« Le Plus Beau Vers de la Langue française »
« Le geai gélatineux geignait dans le jasmin »
Voici, mes zinfints
Sans en avoir l'air
Le plus beau vers
De la langue française.
Ai, eu, ai, inLe geai gélatineux geignait dans les jasmin...

Le poite aurait pu dire
Tout à son aise :
« Le geai volumineux picorait des pois fins »
Et bien ! non, mes zinfints.
Le poite qui a du génie
Jusque dans son délire
D'une main moite
A écrit :

« C'était l'heure divine où, sous le ciel gamin
le geai gélatineux geignait dans le jasmin »

Gé, gé, gé, les gé expirent dans le ji
Là, le geai est agi
Par le génie du poite
Du poite qui s'identifie
A l'oiseau sorti de son nid
sorti de sa ouate.
[...]
Quand vous serez grinds
Mes zinfints
et que vous aurez une petite amie anglaise
Vous pourrez murmurer à son oreille dénaturée
Ce vers, le plus beau de la langue française
Et qui vient tout droit du gallo-romain :

« Le geai gélatineux geignait dans le jasmin »

Raymond Queneau, Oulipo
« Lipogramme en A, en E et en Z »
Ondoyons un poupon, dit Orgon, fils d’Ubu. Bouffons choux, bijoux, poux, puis du mou, du confit, buvons non point un grog: un punch. Il but du vin itou, du rhum, du w h i s k y, du coco, puis il dormit sur un roc. Un bruit du ru couvrit son son. Nous irons sous un pont où nous pourrons promouvoir un dodo, dodo du poupon du fils d’Orgon fils d’Ubu. Un condor prit son vol. Un lion riquiqui sortit pour voir un dingo. Un loup fuit. Un opossum court. Où vont-ils ? L’ours rompit son cou. Il souffrit. Un lis croît sur un mur: voici qu’il couvrit orillons ou goulots du cruchon ou du pot pur stuc. Ubu pond son poids d’or.

Séquence 1 : documents complémentaires

Evangile selon Saint-Luc (Luc 15:11-32 FC),
La Parabole du Fils prodigue

“Jésus dit encore: -Un homme avait deux fils. Le plus jeune dit à son père: « Mon père, donne-moi la part de notre fortune qui doit me revenir. » Alors le père partagea ses biens entre ses deux fils. Peu de jours après, le plus jeune fils vendit sa part de la propriété et partit avec son argent pour un pays éloigné. Là, il vécut dans le désordre et dissipa ainsi sa fortune. Quand il eut tout dépensé, une grande famine survint dans ce pays, et il commença à manquer du nécessaire. Il alla donc se mettre au service d’un des habitants du pays, qui l’envoya dans ses champs garder les cochons. Il aurait bien voulu se nourrir des fruits du caroubier que mangeaient les cochons, mais personne ne lui en donnait. Alors, il se mit à réfléchir sur sa situation et se dit: « Tous les ouvriers de mon père ont plus de nourriture qu’ils n’en peuvent manger, tandis que moi, ici, je meurs de faim! Je vais partir pour retourner chez mon père et je lui dirai: Mon père, j’ai péché contre Dieu et contre toi, je ne suis plus digne que tu me regardes comme ton fils. Traite-moi donc comme l’un de tes ouvriers. » Et il partit pour retourner chez son père. Tandis qu’il était encore assez loin de la maison, son père le vit et en eut profondément pitié: il courut à sa rencontre, le serra contre lui et l’embrassa. Le fils lui dit alors: « Mon père, j’ai péché contre Dieu et contre toi, je ne suis plus digne que tu me regardes comme ton fils. » Mais le père dit à ses serviteurs: « Dépêchez-vous d’apporter la plus belle robe et mettez-la lui; passez-lui une bague au doigt et des chaussures aux pieds. Amenez le veau que nous avons engraissé et tuez-le, faisons un joyeux repas, car mon fils que voici était mort et il est revenu à la vie, il était perdu et je l’ai retrouvé. » Et une joyeuse fête commença. Pendant ce temps, le fils aîné de cet homme était aux champs. Lorsqu’il revint et fut près de la maison, il entendit un bruit de musique et de danses. Il appela un des serviteurs et lui demanda ce que cela signifiait. Le serviteur lui répondit: « Ton frère est revenu, et ton père a fait tuer le veau que nous avons engraissé, parce qu’il a retrouvé son fils en bonne santé. » Le fils aîné se mit alors en colère et refusa d’entrer dans la maison. Son père sortit pour l’inviter à entrer. Mais le fils répondit à son père: « Écoute, il y a de nombreuses années que je te sers et je n’ai jamais désobéi à l’un de tes ordres. Pourtant, tu ne m’as jamais donné même un chevreau pour que je fasse un joyeux repas avec mes amis. Mais quand ton fils que voilà revient, lui qui a dépensé entièrement ta fortune avec des prostituées, pour lui tu fait tuer le veau que nous avons engraissé! » Le père lui dit: « Mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce que je possède est aussi à toi. Mais nous devions faire une joyeuse fête et être heureux, car ton frère que voici était mort et il est revenu à la vie, il était perdu et je l’ai retrouvé! »

Giorgio de Chirico, Le Fils prodigue,1922 - 87x59cm, Civica museo d'arte contemporanea, Milan


Esope,
Le Renard et le Bouc dans le puits

Un renard tomba dans un puits et se vit contraint d'y rester, faute de pouvoir en remonter. Or un bouc assoiffé vint au même puits ; avisant le renard, il lui demanda si l'eau était bonne. Feignant la joie dans son malheur, le renard fit longuement l'éloge de l'eau, prétendant qu'elle était excellente, et engagea le bouc à descendre à son tour. N'écoutant que son désir, le bouc plongea sans plus réfléchir ; dès qu'il se fut désaltéré, il chercha avec le renard un moyen de remonter. Le renard lui dit qu'il avait une idée qui pourrait les sauver tous les deux : "Appuie donc tes pattes de devant contre la paroi et incline tes cornes : je monterai sur ton dos, puis je te hisserai à mon tour." Le bouc se rangea de bon coeur à ce deuxième avis ; le renard, escaladant en trois bonds de ses pattes, grimpa sur son dos, d'où il prit appui sur ses cornes, atteignit l'orifice du puits et se disposa à prendre le large. Comme le bouc lui reprochait de ne pas respecter leur accord, le renard se retourna : "Mon gaillard, lui dit-il, si tu avais autant de cervelle que de barbe au menton, tu ne serais pas descendu sans songer d'abord au moyen de remonter !"
De même, chez les hommes : si l'on a du sens, il convient d'examiner l'issue d'une entreprise avant de s'y attaquer.
Fables, trad. de Daniel Loayza, Flammarion, 1995

Raymond Queneau, Oulipo, 1973
« La Cimaise et la fraction »

La cimaise ayant chaponné tout l'éternueur
se tuba fort dépurative quand la bixacée fut verdie :
pas un sexué pétrographique morio de mouffette ou de verrat.
Elle alla crocher frange
Chez la fraction sa volcanique
La processionnant de lui primer
Quelque gramen pour succomber
Jusqu'à la salanque nucléaire.
"Je vous peinerai, lui discorda-t-elle,
avant l'apanage, folâtrerie d'Annamite ! interlocutoire et priodonte."
La fraction n'est pas prévisible :
c'est là son moléculaire défi.
"Que ferriez-vous au tendon cher ?
discorda-t-elle à cette énarthrose.
- Nuncupation et joyau à tout vendeur,
Je chaponnais, ne vous déploie.
- Vous chaponniez ? J'en suis fort alarmante.
Eh bien ! débagoulez maintenant."

Séquence 3 : lectures analytiques

Lecture analytique n°1:
Jean Racine, Britannicus
Acte I, scène 1 : la scène d'exposition (v1-58)
Agrippine, Albine



Albine
Quoi ? tandis que Néron s'abandonne au sommeil,
Faut−il que vous veniez attendre son réveil ?
Qu'errant dans le palais sans suite et sans escorte,
La mère de César veille seule à sa porte ?
Madame, retournez dans votre appartement.

Agrippine
Albine, il ne faut pas s'éloigner un moment.
Je veux l'attendre ici. Les chagrins qu'il me cause
M'occuperont assez tout le temps qu'il repose.
Tout ce que j'ai prédit n'est que trop assuré :
Contre Britannicus Néron s'est déclaré.
L'impatient Néron cesse de se contraindre ;
Las de se faire aimer, il veut se faire craindre.
Britannicus le gêne, Albine, et chaque jour
Je sens que je deviens importune à mon tour.

Albine
Quoi ? vous à qui Néron doit le jour qu'il respire,
Qui l'avez appelé de si loin à l'empire ?
Vous qui, déshéritant le fils de Claudius,
Avez nommé César l'heureux Domitius ?
Tout lui parle, Madame, en faveur d'Agrippine :
Il vous doit son amour.

Agrippine
Il me le doit, Albine ;
Tout, s'il est généreux, lui prescrit cette loi ;
Mais tout, s'il est ingrat, lui parle contre moi.

Albine
S'il est ingrat, Madame ? Ah ! toute sa conduite
Marque dans son devoir une âme trop instruite.
Depuis trois ans entiers, qu'a−t−il dit, qu'a−t−il fait
Qui ne promette à Rome un empereur parfait ?
Rome, depuis deux ans, par ses soins gouvernée,
Au temps de ses consuls croit être retournée :
Il la gouverne en père. Enfin, Néron naissant
A toutes les vertus d'Auguste vieillissant.

Agrippine
Non, non, mon intérêt ne me rend point injuste :
Il commence, il est vrai, par où finit Auguste ;
Mais crains que l'avenir détruisant le passé,
Il ne finisse ainsi qu'Auguste a commencé.
Il se déguise en vain : je lis sur son visage
Des fiers Domitius l'humeur triste et sauvage ;
Il mêle avec l'orgueil qu'il a pris dans leur sang
La fierté des Nérons qu'il puisa dans mon flanc.
Toujours la tyrannie a d'heureuses prémices :
De Rome, pour un temps, Caïus fut les délices ;
Mais sa feinte bonté se tournant en fureur,
Les délices de Rome en devinrent l'horreur.
Que m'importe, après tout, que Néron, plus fidèle,
D'une longue vertu laisse un jour le modèle ?
Ai−je mis dans sa main le timon de l'Etat
Pour le conduire au gré du peuple et du sénat ?
Ah ! que de la patrie il soit, s'il veut, le père ;
Mais qu'il songe un peu plus qu'Agrippine est sa mère.
De quel nom cependant pouvons−nous appeler
L'attentat que le jour vient de nous révéler ?
Il sait, car leur amour ne peut être ignorée,
Que de Britannicus Junie est adorée,
Et ce même Néron, que la vertu conduit,
Fait enlever Junie au milieu de la nuit !
Que veut−il ? Est−ce haine, est−ce amour qui l'inspire ?
Cherche−t−il seulement le plaisir de leur nuire ?
Ou plutôt n'est−ce point que sa malignité
Punit sur eux l'appui que je leur ai prêté ?



Lecture analytique n°2:
Jean Racine, Britannicus
Acte II, scène 6 : la scène à témoin caché
Junie, Britannicus, Narcisse



Britannicus
Madame, quel bonheur me rapproche de vous ?
Quoi ? je puis donc jouir d'un entretien si doux ?
Mais parmi ce plaisir, quel chagrin me dévore !
Hélas ! puis−je espérer de vous revoir encore ?
Faut−il que je dérobe, avec mille détours,
Un bonheur que vos yeux m'accordaient tous les jours ?
Quelle nuit ! quel réveil ! Vos pleurs, votre présence
N'ont point de ces cruels désarmé l'insolence ?
Que faisait votre amant ? Quel démon envieux
M'a refusé l'honneur de mourir à vos yeux ?
Hélas ! dans la frayeur dont vous étiez atteinte,
M'avez−vous en secret adressé quelque plainte ?
Ma princesse, avez−vous daigné me souhaiter ?
Songiez−vous aux douleurs que vous m'alliez coûter ?
Vous ne me dites rien ? Quel accueil ! Quelle glace !
Est−ce ainsi que vos yeux consolent ma disgrâce ?
Parlez : nous sommes seuls. Notre ennemi trompé
Tandis que je vous parle est ailleurs occupé.
Ménageons les moments de cette heureuse absence.

Junie
Vous êtes en des lieux tout pleins de sa puissance.
Ces murs mêmes, Seigneur, peuvent avoir des yeux,
Et jamais l'empereur n'est absent de ces lieux.

Britannicus
Et depuis quand, Madame, êtes−vous si craintive ?
Quoi ? déjà votre amour souffre qu'on le captive ?
Qu'est devenu ce coeur qui me jurait toujours
De faire à Néron même envier nos amours ?
Mais bannissez, Madame, une inutile crainte.
La foi dans tous les coeurs n'est pas encore éteinte ;
Chacun semble des yeux approuver mon courroux,
La mère de Néron se déclare pour nous,
Rome, de sa conduite elle−même offensée...

Junie
Ah ! Seigneur, vous parlez contre votre pensée.
Vous−même, vous m'avez avoué mille fois
Que Rome le louait d'une commune voix ;
Toujours à sa vertu vous rendiez quelque hommage.
Sans doute la douleur vous dicte ce langage.

Britannicus
Ce discours me surprend, il le faut avouer.
Je ne vous cherchais pas pour l'entendre louer.
Quoi ? pour vous confier la douleur qui m'accable,
A peine je dérobe un moment favorable,
Et ce moment si cher, Madame, est consumé
A louer l'ennemi dont je suis opprimé ?
Qui vous rend à vous−même, en un jour, si contraire ?
Quoi ! même vos regards ont appris à se taire ?
Que vois−je ? Vous craignez de rencontrer mes yeux ?

Néron vous plairait−il ? Vous serais−je odieux ?
Ah ! si je le croyais... Au nom des dieux, Madame,
Eclaircissez le trouble où vous jetez mon âme.
Parlez. Ne suis−je plus dans votre souvenir ?

Junie
Retirez−vous, Seigneur ; l'empereur va venir.

Britannicus
Après ce coup, Narcisse, à qui dois−je m'attendre ? 
 

Lecture analytique n°3:
Jean Racine, Britannicus
Acte V, scène 5 : le récit de la mort de Britannicus
Agrippine, Burrhus

Agrippine
Quel attentat, Burrhus !

Burrhus
Je n'y pourrai survivre,
Madame : il faut quitter la cour et l'empereur.

Agrippine
Quoi ? du sang de son frère il n'a point eu d'horreur ?

Burrhus
Ce dessein s'est conduit avec plus de mystère.
A peine l'empereur a vu venir son frère,
Il se lève, il l'embrasse, on se tait, et soudain
César prend le premier une coupe à la main :
"Pour achever ce jour sous de meilleurs auspices,
Ma main de cette coupe épanche les prémices,
Dit−il ; dieux, que j'appelle à cette effusion,
Venez favoriser notre réunion."
Par les mêmes serments Britannicus se lie.
La coupe dans ses mains par Narcisse est remplie,
Mais ses lèvres à peine en ont touché les bords...
Le fer ne produit point de si puissants efforts,
Madame : la lumière à ses yeux est ravie,
Il tombe sur son lit sans chaleur et sans vie.
Jugez combien ce coup frappe tous les esprits :
La moitié s'épouvante et sort avec des cris,
Mais ceux qui de la cour ont un plus long usage
Sur les yeux de César composent leur visage.
Cependant sur son lit il demeure penché ;
D'aucun étonnement il ne paraît touché :
"Ce mal, dont vous craignez, dit−il, la violence
A souvent, sans péril, attaqué son enfance."
Narcisse veut en vain affecter quelque ennui,
Et sa perfide joie éclate malgré lui.
Pour moi, dût l'empereur punir ma hardiesse,
D'une odieuse cour j'ai traversé la presse,
Et j'allais, accablé de cet assassinat,
Pleurer Britannicus, César et tout l'Etat.

Agrippine
Le voici. Vous verrez si c'est moi qui l'inspire. 

  
Lecture analytique n°4:
Jean Racine, Britannicus
Acte V, scène 8 : la scène finale
Agrippine, Burrhus, Albine

Albine
Ah ! Madame ! ah ! Seigneur ! courez vers l'empereur,
Venez sauver César de sa propre fureur :
Il se voit pour jamais séparé de Junie.

Agrippine
Quoi ? Junie elle−même a terminé sa vie ?

Albine
Pour accabler César d'un éternel ennui,
Madame, sans mourir elle est morte pour lui.
Vous savez de ces lieux comme elle s'est ravie :
Elle a feint de passer chez la triste Octavie ;
Mais bientôt elle a pris des chemins écartés
Où mes yeux ont suivi ses pas précipités.
Des portes du palais elle sort éperdue.
D'abord elle a d'Auguste aperçu la statue,
Et mouillant de ses pleurs le marbre de ses pieds,
Que de ses bras pressants elle tenait liés :
"Prince, par ces genoux, dit−elle, que j'embrasse,
Protège en ce moment le reste de ta race.
Rome, dans ton palais, vient de voir immoler
Le seul de tes neveux qui te pût ressembler.
On veut après sa mort que je lui sois parjure ;
Mais pour lui conserver une foi toujours pure,
Prince, je me dévoue à ces dieux immortels
Dont ta vertu t'a fait partager les autels."
Le peuple cependant, que ce spectacle étonne,
Vole de toutes parts, se presse, l'environne,
S'attendrit à ses pleurs, et plaignant son ennui,
D'une commune voix la prend sous son appui.
Ils la mènent au temple, où depuis tant d'années
Au culte des autels nos vierges destinées
Gardent fidèlement le dépôt précieux
Du feu toujours ardent qui brûle pour nos dieux.
César les voit partir sans oser les distraire.
Narcisse, plus hardi, s'empresse pour lui plaire :
Il vole vers Junie, et sans s'épouvanter,
D'une profane main commence à l'arrêter.
De mille coups mortels, son audace est punie ;
Son infidèle sang rejaillit sur Junie.
César, de tant d'objets en même temps frappé,
Le laisse entre les mains qui l'ont enveloppé.
Il rentre. Chacun fuit son silence farouche.
Le seul nom de Junie échappe de sa bouche.
Il marche sans dessein, ses yeux mal assurés
N'osent lever au ciel leurs regards égarés,
Et l'on craint, si la nuit jointe à la solitude
Vient de son désespoir aigrir l'inquiétude,
Si vous l'abandonnez plus longtemps sans secours,
Que sa douleur bientôt n'attente sur ses jours.
Le temps presse : courez. Il ne faut qu'un caprice ;
Il se perdrait, Madame.

Agrippine
Il se ferait justice.
Mais, Burrhus, allons voir jusqu'où vont ses transports.
Voyons quel changement produiront ses remords,
S'il voudra désormais suivre d'autres maximes.

Burrhus
Plût aux dieux que ce fût le dernier de ses crimes !

Séquence 2 : lectures analytiques


Lecture analytique n°1:
Arthur Rimbaud, Le Cahier de Douai
« Le Dormeur du Val »

C'est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit





Lecture analytique n°2:
Arthur Rimbaud, Le Cahier de Douai
« Ma Bohème »

Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées ;
Mon paletot aussi devenait idéal ;
J'allais sous le ciel, Muse ! et j'étais ton féal ;
Oh ! là ! là ! que d'amours splendides j'ai rêvées !

Mon unique culotte avait un large trou.
- Petit-Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course
Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse.
- Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou

Et je les écoutais, assis au bord des routes,
Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ;

Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,
Comme des lyres, je tirais les élastiques
De mes souliers blessés, un pied près de mon coeur !


Lecture analytique n°3:
Arthur Rimbaud, Illuminations
« Fleurs »

D’un gradin d’or, - parmi les cordons de soie, les gazes grises, les velours verts et les disques de cristal qui noircissent comme du bronze au soleil, - je vois la digitale s’ouvrir sur un tapis de filigranes d’argent, d’yeux et de chevelures.
Des pièces d’or jaune semées sur l’agate, des piliers d’acajou supportant un dôme d’émeraudes, des bouquets de satin blanc et de fines verges de rubis entourent la rose d’eau.
Tels qu’un dieu aux énormes yeux bleus et aux formes de neige, la mer et le ciel attirent aux terrasses de marbre la foule des jeunes et fortes roses.


Lecture analytique n°4:
Arthur Rimbaud, Poésies 1870-1871
« Voyelles »

A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles,
Je dirai quelque jour vos naissances latentes :
A, noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,

Golfes d'ombre ; E, candeurs des vapeurs et des tentes,
Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d'ombelles ;
I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles
Dans la colère ou les ivresses pénitentes ;

U, cycles, vibrements divins des mers virides,
Paix des pâtis semés d'animaux, paix des rides
Que l'alchimie imprime aux grands fronts studieux ;

O, suprême Clairon plein des strideurs étranges,
Silences traversés des Mondes et des Anges ;
- O l'Oméga, rayon violet de Ses Yeux !



Lecture analytique n°5 :
Robert Desnos, Langage cuit
« Un jour qu'il faisait nuit »

Il s'envola au fond de la rivière.
Les pierres en bois d'ébène les fils de fer en or et la croix sans branche.
Tout rien.
Je la hais d'amour comme tout chacun.
Le mort respirait des grandes bouffées de vide.
Le compas traçait des carrés et des triangles à cinq côtés.
Après cela il descendit au grenier.
Les étoiles de midi resplendissaient.
Le chasseur revenait carnassière pleine de poissons sur la rive au milieu de la Seine.
Un ver de terre marque le centre du cercle sur la circonférence.
En silence mes yeux prononcèrent un bruyant discours.
Alors nous avancions dans une allée déserte où se pressait la foule.
Quand la marche nous eut bien reposé nous eûmes le courage de nous asseoir puis au réveil nos yeux se fermèrent et l'aube versa sur nous les réservoirs de la nuit.
La pluie nous sécha.

Séquence 1 : lectures analytiques


Lecture analytique n°1:

Jean de La Fontaine,
Le Loup et le Chien
(livre I, fable 5)

Un Loup n'avait que les os et la peau,
Tant les chiens faisaient bonne garde.
Ce Loup rencontre un Dogue aussi puissant que beau,
Gras, poli, qui s'était fourvoyé par mégarde.
L'attaquer, le mettre en quartiers,
Sire Loup l'eût fait volontiers ;
Mais il fallait livrer bataille,
Et le Mâtin était de taille
A se défendre hardiment.
Le Loup donc l'aborde humblement,
Entre en propos, et lui fait compliment
Sur son embonpoint, qu'il admire.
" Il ne tiendra qu'à vous beau sire,
D'être aussi gras que moi, lui repartit le Chien.
Quittez les bois, vous ferez bien :
Vos pareils y sont misérables,
Cancres, haires, et pauvres diables,
Dont la condition est de mourir de faim.
Car quoi ? rien d'assuré : point de franche lippée :
Tout à la pointe de l'épée.
Suivez-moi : vous aurez un bien meilleur destin. "
Le Loup reprit : "Que me faudra-t-il faire ?
- Presque rien, dit le Chien, donner la chasse aux gens
Portants bâtons, et mendiants ;
Flatter ceux du logis, à son Maître complaire :
Moyennant quoi votre salaire
Sera force reliefs de toutes les façons :
Os de poulets, os de pigeons,
Sans parler de mainte caresse. "
Le Loup déjà se forge une félicité
Qui le fait pleurer de tendresse.
Chemin faisant, il vit le col du Chien pelé.
" Qu'est-ce là ? lui dit-il. - Rien. - Quoi ? rien ? - Peu de chose.
- Mais encor ? - Le collier dont je suis attaché
De ce que vous voyez est peut-être la cause.
- Attaché ? dit le Loup : vous ne courez donc pas
Où vous voulez ? - Pas toujours ; mais qu'importe ?
- Il importe si bien, que de tous vos repas
Je ne veux en aucune sorte,
Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor. "
Cela dit, maître Loup s'enfuit, et court encor


Lecture analytique n°2:

Jean de La Fontaine,
la Chauve-souris et les deux belettes
(livre II, fable 5)

Une Chauve-Souris donna tête baissée
Dans un nid de Belette ; et sitôt qu'elle y fut,
L'autre, envers les souris de longtemps courroucée,
Pour la dévorer accourut.
"Quoi ? vous osez, dit-elle, à mes yeux vous produire,
Après que votre race a tâché de me nuire!
N'êtes-vous pas Souris ? Parlez sans fiction.
Oui, vous l'êtes, ou bien je ne suis pas Belette.
- Pardonnez-moi, dit la pauvrette,
Ce n'est pas ma profession.
Moi Souris ! Des méchants vous ont dit ces nouvelles.
Grâce à l'Auteur de l'Univers,
Je suis Oiseau ; voyez mes ailes :
Vive la gent qui fend les airs! "
Sa raison plut, et sembla bonne.
Elle fait si bien qu'on lui donne
Liberté de se retirer.
Deux jours après, notre étourdie
Aveuglément se va fourrer
Chez une autre Belette, aux oiseaux ennemie.
La voilà derechef en danger de sa vie.
La Dame du logis avec son long museau
S'en allait la croquer en qualité d'Oiseau,
Quand elle protesta qu'on lui faisait outrage :
"Moi, pour telle passer! Vous n'y regardez pas.
Qui fait l'Oiseau ? c'est le plumage.
Je suis Souris : vivent les Rats !
Jupiter confonde les Chats ! "
Par cette adroite repartie
Elle sauva deux fois sa vie.

Plusieurs se sont trouvés qui, d'écharpe changeants
Aux dangers, ainsi qu'elle, ont souvent fait la figue.
Le Sage dit, selon les gens :
"Vive le Roi, vive la Ligue. "


Lecture analytique n°3:

Jean de La Fontaine,
Le Renard et le Bouc
(livre III, fable 5)

Capitaine Renard allait de compagnie
Avec son ami Bouc des plus haut encornés.
Celui-ci ne voyait pas plus loin que son nez ;
L'autre était passé maître en fait de tromperie.
La soif les obligea de descendre en un puits.
Là chacun d'eux se désaltère.
Après qu'abondamment tous deux en eurent pris,
Le Renard dit au Bouc : Que ferons-nous, compère ?
Ce n'est pas tout de boire, il faut sortir d'ici.
Lève tes pieds en haut, et tes cornes aussi :
Mets-les contre le mur. Le long de ton échine
Je grimperai premièrement ;
Puis sur tes cornes m'élevant,
A l'aide de cette machine,
De ce lieu-ci je sortirai,
Après quoi je t'en tirerai.
- Par ma barbe, dit l'autre, il est bon ; et je loue
Les gens bien sensés comme toi.
Je n'aurais jamais, quant à moi,
Trouvé ce secret, je l'avoue.
Le Renard sort du puits, laisse son compagnon,
Et vous lui fait un beau sermon
Pour l'exhorter à patience.
Si le ciel t'eût, dit-il, donné par excellence
Autant de jugement que de barbe au menton,
Tu n'aurais pas, à la légère,
Descendu dans ce puits. Or, adieu, j'en suis hors.
Tâche de t'en tirer, et fais tous tes efforts :
Car pour moi, j'ai certaine affaire
Qui ne me permet pas d'arrêter en chemin.
En toute chose il faut considérer la fin.


Lecture analytique n°4:

Jean de La Fontaine,
Les Animaux malades de la peste
(livre VII, fable 1)


Un mal qui répand la terreur,
Mal que le Ciel en sa fureur
Inventa pour punir les crimes de la terre,
La Peste (puisqu'il faut l'appeler par son nom)
Capable d'enrichir en un jour l'Achéron,
Faisait aux animaux la guerre.
Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés :
On n'en voyait point d'occupés
A chercher le soutien d'une mourante vie ;
Nul mets n'excitait leur envie ;
Ni Loups ni Renards n'épiaient
La douce et l'innocente proie.
Les Tourterelles se fuyaient :
Plus d'amour, partant plus de joie.
Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis,
Je crois que le Ciel a permis
Pour nos péchés cette infortune ;
Que le plus coupable de nous
Se sacrifie aux traits du céleste courroux,
Peut-être il obtiendra la guérison commune.
L'histoire nous apprend qu'en de tels accidents
On fait de pareils dévouements :
Ne nous flattons donc point ; voyons sans indulgence
L'état de notre conscience.
Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons
J'ai dévoré force moutons.
Que m'avaient-ils fait ? Nulle offense :
Même il m'est arrivé quelquefois de manger
Le Berger.
Je me dévouerai donc, s'il le faut ; mais je pense
Qu'il est bon que chacun s'accuse ainsi que moi :
Car on doit souhaiter selon toute justice
Que le plus coupable périsse.
- Sire, dit le Renard, vous êtes trop bon Roi ;
Vos scrupules font voir trop de délicatesse ;
Et bien, manger moutons, canaille, sotte espèce,
Est-ce un péché ? Non, non. Vous leur fîtes Seigneur
En les croquant beaucoup d'honneur.
Et quant au Berger l'on peut dire
Qu'il était digne de tous maux,
Etant de ces gens-là qui sur les animaux
Se font un chimérique empire.
Ainsi dit le Renard, et flatteurs d'applaudir.
On n'osa trop approfondir
Du Tigre, ni de l'Ours, ni des autres puissances,
Les moins pardonnables offenses.
Tous les gens querelleurs, jusqu'aux simples mâtins,
Au dire de chacun, étaient de petits saints.
L'Ane vint à son tour et dit : J'ai souvenance
Qu'en un pré de Moines passant,
La faim, l'occasion, l'herbe tendre, et je pense
Quelque diable aussi me poussant,
Je tondis de ce pré la largeur de ma langue.
Je n'en avais nul droit, puisqu'il faut parler net.
A ces mots on cria haro sur le baudet.
Un Loup quelque peu clerc prouva par sa harangue
Qu'il fallait dévouer ce maudit animal,
Ce pelé, ce galeux, d'où venait tout leur mal.
Sa peccadille fut jugée un cas pendable.
Manger l'herbe d'autrui ! quel crime abominable !
Rien que la mort n'était capable
D'expier son forfait : on le lui fit bien voir.
Selon que vous serez puissant ou misérable,
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.



Lecture analytique n°5:

Esope
Le Lion malade, le Loup et le Renard



Devenu vieux, le lion souffrant gardait le lit dans son antre. Tous les animaux sauf le renard étaient venus rendre visite à leur roi. Saisissant l'occasion, le loup, devant le lion, accusa le renard, qui ne faisait aucun cas de leur maître à tous, et n'était pour cette raison pas seulement venu le visiter. C'est alors que survint le renard, juste à temps pour surprendre les dernières paroles du loup. Le lion, mécontent du renard, poussait des rugissements ; mais celui-ci, après avoir demandé une chance de se défendre : " Et qui donc, dans cette assistance ", dit-il, " t'a rendu un aussi grand service que moi, qui ai couru par monts et par vaux, demander aux médecins un remède pour toi, et qui l'ai trouvé ? " Comme le lion lui ordonnait de le lui indiquer sur le champ : " Prends un loup ", répondit le renard, " écorche-le vif, et couvre-toi de sa dépouille encore chaude ." Le loup fut aussitôt mis à mort, et le renard , ricanant, eut ce mot : " C'est la bienveillance et non la malveillance d'un maître qu'il importe de susciter ! "
La fable montre que piège tendu à autrui se retourne contre son auteur.



17/03/2011

Attention > Doc complémentaire : Séquence 2

Max Jacob, Guillaume Apollinaire et sa muse, 1910, Musée des Beaux-Arts d'Orléans
Gouache sur papier

Repères biographiques :

Max Jacob : « Un poète cocasse comme le rêve » Jean Cocteau


Max Jacob est un poèteromancieressayisteépistolier et peintre français, né le 12 juillet 1876 à Quimper, mort le 5 mars 1944, alors qu'il était emprisonné au camp de Drancy (Seine-Saint-Denis).
Il passe toute sa jeunesse à Quimper (Bretagne), puis s'installe à Paris, où il fréquente notamment le quartier de Montmartre et se fait de nombreux amis dont Picasso, qu'il rencontre en 1901BraqueMatisseApollinaire et Modigliani.

16/03/2011

De nouvelles mises en scène de Britannicus !

 * Cliquez ici pour découvrir l'interview de Gérard Desarthe, metteur en scène franco-suisse (Festival La Bâtie de Genève, 2008).

* Et ici pour trouver la critique du site Premiere.fr (rubrique spectacle) d'une mise en scène de Jean-Louis Martin-Barbaz de 2009.
* , vous pourrez voir encore une autre critique du même spectacle.


Ces sites pourront vous permettre de prendre davantage de recul sur les mises en scènes étudiées en classe et de développer votre sens critique. Ces travaux peuvent être ajoutés aux "activités personnelles".